L’être humain est une partie d’un tout que nous appelons « L’Univers », une partie limitée par le temps et l’espace. Il fait l’expérience de lui-même, de ses pensées et de ses sentiments comme d’événements séparés du reste. C’est là une sorte d’illusion d’optique de la conscience. Cette illusion est une forme de prison pour nous, car elle nous limite à nos désirs personnels et à notre affection pour quelques proches. Notre tâche devrait consister à nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion, de manière à y inclure toutes les créatures vivantes et toute la nature dans sa beauté.
Albert Einstein, Lettre au rabbin Robert Marcus, 1950
Le temps
Une large part des physiciens admettent maintenant que le temps « n’existe pas ». Ils veulent dire par là que le temps tel qu’on le vit, son écoulement, est un vécu humain. En dehors de nous, le passé, le présent et le futur existeraient simultanément. C’est le concept d’Univers-bloc. Nous sommes donc des êtres temporels baignant dans la simultanéité. Si l’on se soustrait à nos interprétations, il y aurait possibilité de s’extraire du temps humain. De se connecter à la part de nous-mêmes qui échappe au temps humain.
La conscience
C’est ici que les recherches sur la nature de la conscience interviennent. Philippe Guillemant, ingénieur de recherche au CNRS, a consacré trois ouvrages sur la manière dont la physique du temps et la conscience pourraient s’articuler. Son modèle suggère que notre conscience comporte trois niveaux : l’un très ancré dans notre corporalité (Anima), le second, qu’il appelle le Soi, est comme hors du temps, et le troisième, le Moi, permet de faire le pont entre les deux. C’est par le biais du Moi que nous aurions la possibilité de formuler nos intentions conscientes au Soi qui nous aiderait dans le réel, notamment par le langage crypté des synchronicités.
Les dimensions supplémentaires de l’espace-temps
Pour aboutir à cette hypothèse, Philippe Guillemant s’appuie sur ses travaux de recherche publiés en 2018 dans Annals of Physics. Il s’agit de la modélisation d’un billard, où les boules s’entrechoquent, ce qui constitue la représentation la plus simple d’un système dynamique. On s’aperçoit qu’au bout d’un certain temps, les équations de la physique actuelle ne permettent pas de déterminer l’évolution des boules (positions et vitesses). L’article de Philippe Guillemant part de l’idée (issue de la mécanique quantique) que notre espace-temps est discret et que la densité d’information est limitée. Il démontre alors qu’il est dans ce cas nécessaire de rajouter 6 dimensions supplémentaires à l’espace-temps (constitué d’après la relativité générale de 3 dimensions d’espace + 1 dimension temporelle) : 3 dimensions pour spécifier les conditions finales, et 3 dimensions pour déterminer les chemins alternatifs.
Plus d’explication ici : http://www.guillemant.net/research/ [anglais].
Les étages de la conscience
Allant plus loin, il fait la proposition spéculative suivante : les dimensions supplémentaires de l’espace-temps correspondraient aux différents étages de la conscience. Les 3 dimensions supplémentaires déterminant les chemins alternatifs seraient le siège du Moi (conscience ordinaire) et les 3 dimensions déterminant les conditions finales seraient le siège du Soi (subconscient).
Le Moi aurait pour rôles d’observer et de faire des choix, dans l’instant présent. Le Soi étant hors du temps, il aurait une vision panoramique de toute notre vie sous forme de potentialités et pourrait agir dans le futur pour modifier notre ligne de vie, par le biais de l’intention.
Libre-arbitre et intention
La question qui se pose alors est de savoir si nous sommes libres, ou si tout est déjà écrit. Si notre Soi voit notre vie de manière surplombante et peut nous guider, est-ce à dire que tout est déterminé?
Des physiciens comme Antoine Suarez et Nicolas Gisin sont partisans du libre arbitre. Dans son dernier article (2017), Suarez dit que le multivers quantique appartient à nos choix et que nous aurions un libre arbitre grâce à cela.
Le physicien Yakir Aharonov suggère en termes simples que le temps en dehors de notre vécu est dans une sorte de flou. C’est notre conscience qui va lui donner corps. Pour en donner une idée, nous pourrions dire ceci. Nous pouvons nous adresser à la part de nous (le Soi) qui se situe hors du temps, pour lui demander de nous guider dans notre temps humain, vécu, de manière à ce que ce soit perceptible pour nous. C’est par cette demande, ou intention (« Comment puis-je faire pour…? »), que nous pouvons changer de ligne temporelle. Cela signifie que sans l’intervention du libre-arbitre et de nos choix, nous parcourons la ligne sur laquelle nous sommes de bout en bout.
Mais nous pouvons tout à fait décider d’en changer (si elle ne nous rend pas heureux par exemple). Comme le temps non vécu, non parcouru par la conscience est dans l’état de flou (de « gelée ») évoqué précédemment, il est possible de densifier une autre destination. C’est un peu comme si la conscience pouvait augmenter la densité de probabilité de tel ou tel événement en plaçant son attention dessus. Évidemment, cela implique de savoir profondément ce qui, dans notre vie humaine, nous rendrait heureux. C’est là l’intérêt de rapprocher la Physique de la Métaphysique !
Le plan acausal (…) serait celui sur lequel s’inscrirait la question du « sens » ou de « l’intention » dans la nature. Sur ce plan intemporel, la conscience de l’homme appartiendrait à l’univers comme inscrite dans son évolution.
Hubert Reeves, La synchronicité, l’âme et la science
Définitions
Intention
L’intention est une disposition d’esprit, un mouvement intérieur par lequel une personne se propose, plus ou moins consciemment et plus ou moins fermement, d’atteindre ou d’essayer d’atteindre un but déterminé, indépendamment de sa réalisation, qui peut être incertaine, ou des conditions qui peuvent ne pas être précisées.
Voir notre article : Intention : mode d’emploi.
Synchronicités
Dans la psychologie analytique développée par le psychiatre Carl Gustav Jung, la synchronicité est l’occurrence simultanée d’au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l’association prend un sens pour la personne qui les perçoit. Cette notion s’articule avec d’autres notions de la psychologie jungienne, comme celles d’archétype et d’inconscient collectif.
Conscience
Connaissance, intuitive ou réflexive immédiate, que chacun a de son existence et de celle du monde extérieur.
Représentation mentale claire de l’existence, de la réalité de telle ou telle chose.
Flux qualitatif des états intérieurs.
Substrat de l’existence, dans certaines conceptions de la spiritualité.
Sciences et spiritualité : le cas français
En France, les institutions sont encore mal à l’aise avec les recherches scientifiques sur les « expériences extraordinaires » (EMI, OBE, transe, etc). Qui cherche, qui finance, qui diffuse ? Comment passe-t-on du labo au plateau ? Entre souci de rigueur et volonté de diffuser, comment se positionnent les scientifiques et les chercheurs français sur l’inexploré ? Résistent-ils aux sirènes de la médiatisation et de la marchandisation ? Institutions, chercheurs, expérienceurs, thérapeutes, éditeurs, médiateurs, quels enjeux pour quels actants dans le panorama franco-français de la recherche sur l’inexploré ?
Sources d’information et ressources pour aller plus loin
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